Des haies pour la biodiversité
Depuis 1950, 70% des haies ont disparu des bocages français. Dans les années 60, le paysage rural fut recomposé et le parcellaire des exploitations agricoles remodelé. Avec la mécanisation, les arbres ont été considérés comme des obstacles. Ce sont au total 15 millions d’hectares de terres agricoles qui ont été remembrés, avec pour conséquence une perte de 536 000 kilomètres de haies. Un constat alarmant puisqu’elles sont indispensables à la biodiversité, mais sont aussi un sujet suffisamment important pour que le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation se penche sur la question, avec un plan de relance de 50 M€.
Les haies, acteurs clés de la biodiversité
La haie champêtre, si elle se fait rare, est moins anodine qu’il n’y paraît. Son impact environnemental est incontestable. Elle a pour effet de protéger les cultures et d’améliorer les sols, tout en permettant aux insectes, oiseaux et autres espèces animales de s’abriter, de se reproduire et de se nourrir. Les haies sont des acteurs majeurs de la biodiversité sur une exploitation agricole, on leur reconnaît de nombreux avantages.
La haie champêtre protège le sol de la lixiviation (eau emportant toutes les matières solubles présentes dans le sol). Elle lutte également contre les effets néfastes du vent (érosion des terres, dissémination des parasites et des insectes pollinisateurs) et elle fait de l’ombre aux cultures, permettant ainsi de réduire les écarts de températures. Cela a d’ailleurs toute son importance dans ce contexte de réchauffement climatique car elle stocke du carbone et s’adapte aux changements climatiques.
La haie champêtre a aussi pour fonction de créer un microclimat favorable à la vie végétale et à la vie animale. Elle fournit un milieu propice aux pollinisateurs, ce qui vient favoriser le rendement des cultures environnantes. Elle sert également de refuge aux oiseaux et aux autres espèces animales, permettant une régulation des espèces dites ravageuses. Enfin, elle participe à un cadre de vie agréable et protège les bâtiments.
On retiendra donc que l’impact environnemental de la haie champêtre est indéniable. Et c’est précisément parce qu’elle est un outil clé de la biodiversité que le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a décidé de reconduire le plan national de développement de l’agroforesterie, pour la période 2021-2025. Cette mesure a pour but de favoriser la plantation de haies et d’arbres intraparcellaires.
Des agriculteurs à pied d’oeuvre
Concernés par les problématiques de biodiversité et d’agroécologie, soucieux de leur environnement, les producteurs de la Ratte du Touquet n’ont pas attendu pour se mettre à pied d’oeuvre. Pour certains, c’est déjà le travail de plusieurs générations, comme c’est le cas pour Marc-Antoine, producteur de Ratte du Touquet à Noyelles-sur-Mer : “ Il est indispensable pour nous d’adapter nos systèmes culturaux à l’environnement, d’y être attentifs. ”
Chez cet agriculteur, on compte déjà plus de 12 kilomètres linéaires de haies. “ Il faut compter environ 4 ans pour que la haie joue son rôle. On favorise en général des haies composites (plusieurs essences), composées de troène vulgaire, genêt, aubier, viorne… ”. Pour Marc-Antoine, en exerçant ce métier, il est essentiel d’être un véritable acteur de l’espace rural. C’est pourquoi, au pied des haies qu’il a plantées, qui protègent ses cultures (du vent, de l’érosion et du soleil), qui captent l’humidité et qui offrent un abri à plusieurs centaines d’espèces, se trouve un agrainoir. “ Planter des haies, c’est bien, mais il faut aller jusqu’au bout de la démarche ”, nous confie-t-il.
Débutée dans les années 80, la replantation des haies est apparue comme une évidence, à la suite de problématiques microclimatiques sur les exploitations. Encouragée par le Ministère, elle est aujourd’hui l’affaire de tous les exploitants agricoles.